La Haye, 19 septembre 2025 – La Cour internationale de Justice (CIJ) a annoncé avoir transmis au gouvernement algérien la requête déposée par le Mali concernant la destruction d’un drone de reconnaissance malien par les forces de défense algériennes dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025. Cette étape, purement procédurale, n’ouvre pas encore de véritable contentieux judiciaire.
Une requête en suspens
Le Mali accuse l’Algérie d’un « acte d’agression » et d’une « violation du principe de non-recours à la force », invoquant la Charte des Nations Unies et l’Acte constitutif de l’Union africaine. Mais la CIJ rappelle que, conformément à l’article 38, paragraphe 5, de son règlement, la requête n’est pas inscrite au rôle général de la Cour tant que l’Algérie n’a pas accepté sa compétence.
Autrement dit, la Cour a fait suivre la plainte malienne à Alger, mais aucune audience ni procédure ne peut avoir lieu sans le feu vert explicite de l’État mis en cause.
L’Algérie face à un choix stratégique
La balle est donc désormais dans le camp d’Alger. Deux options se présentent :
- Accepter la compétence de la CIJ, ce qui ouvrirait la voie à un examen judiciaire complet du différend.
- Refuser, et ainsi bloquer toute procédure, au risque de renforcer les critiques diplomatiques sur son manque de coopération avec les instances internationales.
Cette situation met en évidence les limites du mécanisme juridique international : sans consentement des deux parties, même les affaires les plus sensibles restent gelées.
Un test pour les relations régionales
Au-delà de la procédure, l’affaire illustre la fragilité des relations entre le Mali et l’Algérie, deux voisins liés par la sécurité régionale mais souvent traversés par des tensions politiques et militaires. L’évolution de ce dossier pourrait peser sur les dynamiques régionales, dans un contexte déjà marqué par l’instabilité au Sahel.
MARAMORY BOUKA NIARE
Rédacteur en Chef