Le ministre burkinabè des Affaires étrangères a confirmé ce jeudi soir la décision des États-Unis de transférer la délivrance des visas américains pour les citoyens burkinabè vers le Togo. Les demandeurs devront désormais se rendre à Lomé pour effectuer leurs formalités, une mesure jugée “inattendue” par les autorités de Ouagadougou. Selon la note verbale transmise à la diplomatie burkinabè, cette décision concerne les visas touristiques et étudiants. Elle s’explique, selon Washington, par le non-respect des conditions d’usage des visas par certains ressortissants.
Mais pour le ministre, cette justification masque une raison plus politique : les États-Unis auraient, depuis plusieurs années, proposé au Burkina Faso d’accueillir sur son sol des migrants expulsés du territoire américain, une offre que Ouagadougou a refusée, la jugeant “indécente”.
« Le Burkina Faso est une terre de dignité, pas une terre de déportation », a insisté le ministre.
Le chef de la diplomatie a rappelé que la politique de gratuité du visa pour les Africains décidée par le capitaine Ibrahim Traoré n’a rien à voir avec ce type d’accord. Tout Africain est libre de venir au Burkina Faso, a-t-il précisé, “mais personne ne viendra sous la contrainte d’un pays tiers”.
Concernant la visite annoncée des Afrodescendants prévue pour fin octobre, le ministre a tenu à préciser qu’elle n’a aucun lien avec cette affaire. Ces visiteurs, a-t-il expliqué, viennent au Burkina Faso “par amour pour l’Afrique et pour renouer avec leurs racines”, non sous pression politique.
Enfin, sur la question des relations diplomatiques entre Ouagadougou et Washington, le ministre a indiqué que le Burkina Faso reste ouvert au dialogue, mais “dans le respect mutuel et la dignité”.
Des mesures de réciprocité pourraient toutefois être envisagées si la situation devait perdurer.
MARAMORY BOUKA NIARE
Rédacteur en Chef